05 juin 2015

Jacques Pagan : discours du doyen d’âge lors de la séance d’installation du Conseil municipal de la Ville de Genève

PAGAN.J

Nous reproduisons ci-dessous le discours prononcé devant le Délibératif de la Ville de Genève le 2 juin dernier par Jacques Pagan, doyen d’âge de la séance d’installation du nouveau Conseil municipal 2015-2020.

Madame le Maire, Madame et Messieurs les membre du conseil administratif, Chers collègues nouvellement élus ou réélus, Je dois à une circonstance bien involontaire de ma part – mon âge – le privilège de m’adresser à vous en cette séance d’installation du Conseil municipal de la Ville de Genève pour la législature 2015-2020. N’ayant donc, pour occuper une pareille position, strictement aucun mérite particulier qui soit lié à la qualité de ma personne ou à celle de mon parti, je n’éprouve pas le besoin de vous faire part de ma gratitude pour l’honneur qui m’est ainsi fait. Celui-ci ne découle, en effet, que de la stricte application d’une norme réglementaire prévoyant qu’il échoit au doyen (ou à la doyenne) des élus de présider très provisoirement cette assemblée résolument placée, et c’est là un paradoxe, sous le signe du renouveau. Je ne vous livrerai donc aucun message propre à justifier l’excellence de ce choix purement fortuit, même s’il procède d’une intention délibérée de mes chers parents décédés depuis fort longtemps et dont je salue ici la mémoire. Il ne sera donc question ni de ma personne, ni des profondes convictions politiques qui l’animent et encore moins d’un quelconque testament spirituel quand bien même le poids des années et celui de l’expérience prédisposent à une forme de sagesse qu’il serait bien injuste de ne garder que pour soi. Je ne profiterai ainsi aucunement du monopole de la parole qui m’est donné pour l’utiliser à des fins de propagande politicienne : cela n’est pas le propos de cette séance solennelle et, de toute façon la campagne électorale est maintenant loin derrière nous. Au demeurant, le rituel mis en place pour cette séance fait d’elle une cérémonie d’intronisation et non pas une plénière ordinaire, ce dont il est permis de déduire l’absence de tout éventuel droit de réponse de votre part. Pour ce seul motif, je me dois donc de n’abuser en rien d’une pareille situation ! Il ne sera pas non plus question pour moi d’évoquer la prochaine législature qui sera la nôtre durant les 5 années qui viennent, ni de vous entretenir des problèmes irrésolus ou nouveaux dont nous aurons à débattre en matière institutionnelle, sécuritaire, économique, sociale et financière, etc. Tous et toutes, vous vous êtes engagés en politique au sein d’un parti dont vous partagez les finalités et les moyens d’action pour assurer la prospérité de notre commune et de ses habitants, permettre une gestion efficace des deniers publics, pouvoir vivre en sécurité et venir en aide aux plus déshérités d’entre nous notamment. Et vous avez combattu pour être élus. Je ne vous ferai donc pas l’affront de vous dire ce que vous avez à faire : cela, vous le savez mieux que moi, et, quel qu’il soit, votre engagement au service de la communauté et de l’intérêt général mérite un grand coup de chapeau car il traduit, à une époque où le civisme s’érode dangereusement, le respect que vous portez aux devoirs que notre société démocratique met la charge de ses sujets, ces mêmes devoirs qui ne deviennent des droits que pour rendre possible l’exercice de la souveraineté populaire à laquelle, tous et toutes, nous sommes profondément attachés. Vous me permettrez cependant – avant de passer à l’essentiel de cette cérémonie qui est votre prestation de serment – de vous présenter mes voeux sincères et très chaleureux pour le succès de votre activité au sein de ce conseil. Faisons en sorte que les décisions de celui-ci reflètent les aspirations de notre population dans son ensemble et servent pleinement les intérêts de notre ville et ceux de ses communiers. Quelles que soient les difficulté rencontrées, n’oubliez pas que nous les partageons toutes d’une manière ou d’une autre, et que cette situation crée entre nous une solidarité certaine même si elle ne nous paraît pas toujours évidente à nos yeux d’abord, mais aussi et surtout à ceux des électeurs et des électrices qui suivent nos travaux. Il en naît une forme d’amitié réciproque et d’autant plus solide qu’elle n’implique aucun reniement de nos convictions politiques propres; à y bien réfléchir, cette forme d’amitié est le ferment, le cimentmême du dialogue démocratique qui nous permet d’accomplir notre mission dans le respect de nos différences partisanes, mais avec toujours en vue tout la recherche de l’intérêt général qui est le seul fondement de notre engagement politique. Il m’appartient maintenant de recueillir votre serment, acte solennel qui va vous conférer – enfin ! – la qualité de membres du Conseil municipal de la Ville de Genève. C’est pour celui qui vous parle un immense honneur qu’il n’est pas du tout sûr de mériter, mais qu’il accepte d’assumer de tout coeur et, oserais-je le dire déjà, en toute amitié et dans le plus profond respect qu’il doit à chacun et à chacune d’entre vous. Je vous souhaite une fructueuse et heureuse législature 2015-2020. Et vive Genève !