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Sauvez l’or de la Suisse !

Le rapport entre l’or et la monnaie n’a pas disparu

Certes, le rapport étroit entre l’or physique et la monnaie est mort en août 1971, lorsque Richard Nixon a mis fin à la convertibilité or du dollar. Et avec elle au système monétaire international qui régissait le monde depuis les accords de Bretton Woods de 1944. Depuis lors, le marché est livré à la seule loi de la relativité universelle du papier. Le dollar qui valait Fr. 4, 30 en 1971 lorsqu’il était accroché à l’or, ne valait déjà plus que Fr. 2,82 deux ans plus tard et a connu depuis lors la dégringolade régulière et résolue que l’on sait. Dissout en théorie, le rapport entre l’or et la monnaie a-t’il vraiment disparu dans la pratique ? Comme par le passé, l’or a tendance à monter quand le dollar descend et à descendre quand le dollar monte. Et curieusement, alors qu’une once d’or permettait d’acheter une toge de pourpre dans la Rome antique, la même quantité aujourd’hui (valeur Fr. 1’200,-) permet d’acquérir un bien équivalent d’aujourd’hui : un costard de marque.

Tout a changé, la population humaine, la quantité d’or en circulation et bien sûr le système économique. L’or est resté. Et il continue de jouer, malgré Richard Nixon, le rôle d’une valeur de référence et de réserve. La Banque populaire de Chine achète de l’or à tour de bras, dans l’idée d’y adosser bientôt le Renminbi en concurrent du dollar comme monnaie de référence. La Banque centrale européenne a 53% d’or à son bilan, les banques centrales des pays développés en moyenne 35%, avec un pic à 80% pour le Portugal et un minimum à 12% pour le Royaume Uni. En comparaison, le bilan de la BNS fait tache avec seulement 7%. La BNS a imprimé ces dernières années plus d’argent qu’aucun autre pays développé, dans le cadre de sa politique de soutien du cours de l’Euro. Son bilan a ainsi gonflé démesurément pour atteindre 500 milliards, soit 80% du PNB suisse, alors qu’en comparaison le bilan de la Féd. est de 25% du PNB étatsuniens. Sur ses 500 milliards, 473 sont en Euro.

En cas de crise bancaire, la BNS devrait créer toujours plus de francs papiers, dont la valeur est soumise à la seule relativité universelle des monnaies. Aucun lien n’existe entre le montant inscrit sue le papier par la main versatile du marché et une quelconque valeur objective de référence à laquelle l’adosser.

La BNS a eu tort de considérer que l’or ne joue plus aucun rôle dans la stabilité des monnaies et de s’en débarrasser à l’importe quel prix en bradant 1’300 tonnes au prix historiquement le plus mauvais de 16’000 Fr. le kilo. Cette décision a causé au trésor suisse une perte de 29 milliards au cours actuel, 49 milliards si l’on se réfère au meilleur cours de Fr. 54’000 le kilo atteint en 2012. Nous voterons le 30 novembre sur une initiative intitulée « Sauvez l’or de la Suisse ». Son but est triple : rendre l’or de la BNS inaliénable. Rapatrier en Suisse l’or physique encore déposé par la BNS auprès d’autres banques nationales à l’étranger. En cas d’acceptation, d’autres banques centrales seront incitées à récupérer leurs dépôts.

Quand l’Allemagne a essayé de rapatrier ses 680 tonnes d’or des USA, elle s’est heurtée à un refus : 5 tonnes seulement, le reste en 2020! Car les banques mentent sur leurs dépôts physiques : la Féd n’a sans doute pas les 8’000 tonnes annoncées, son dernier audit sur l’or physique remonte à 1953 ! Si ce mouvement vers l’or physique commence en Suisse, le cours de l’or sera propulsé vers le haut. Les détenteurs de titre basés sur l’or exigeront à la leur tours la livraison de l’or physique, soutenant ainsi une hausse durable du cours car le volume de papier est 100 fois supérieur à l’or physique, qui reste rare sur le marché. Il résultera de ce mouvement un assainissement nécessaire de l’or physique et de son marché. Le troisième but de l’initiative, inscrire 20% d’or au bilan de la BNS, empêchera la banque d’accumuler uniquement du papier en Euros, c’est-à-dire de la dette, dans son bilan.

On le sait, un crash bancaire hante l’Europe, le jour où il se produira, ceux qui auront de l’or dans le bilan de leur banque nationale créeront une nouvelle monnaie. Les autres pleureront. – Yves NIDEGGER, Conseiller national

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