08 août 2016

Terrorisme, les inquiétudes de Pierre Maudet

Céline

« Vous imaginez le scandale en cas d’attentat à l’aéroport de Genève?”. C’est la question que le Ministre de la sécurité du canton Pierre Maudet se posait sur les ondes il y a une dizaine de jours. L’homme évoquait le fait que la France se montre avare de renseignements concernant les employés suspects de sympathies islamistes travaillant à Cointrin. Derrière le souci légitime du magistrat se cache une préoccupation un peu plus personnelle. L’homme est volontiers péremptoire quant à la façon d’assurer la sécurité de notre pays, lui qui n’a pas su empêcher une poignée de casseurs de causer des centaines de milliers de francs de dégâts à divers bâtiments de la ville. Il est bien évident que s’il arrivait au bout du lac ce que nous avons vu à Bruxelles et Istanbul, son accession rêvée au Conseil fédéral s’en trouverait quelque peu fragilisée. Il y a donc urgence à ramener la France dans le droit chemin, elle qui ne se rend pas compte qu’une carrière dépend de son bon vouloir.

Spécialiste auto-proclamé des questions sécuritaires, Pierre Maudet fait preuve d’une bien étonnante perte de mémoire. En effet, la prudence voire la défiance de la France envers la Suisse ne doit rien au hasard mais tout à la politique. Souvenons-nous ! Le 12 décembre 1988, la radicale Elisabeth Kopp, première femme élue au Conseil fédéral, démissionne suite aux liaisons troubles de son mari. L’affaire des fiches commence. Les autorités découvrent avec horreur le travail des services secrets helvétiques. Prises de panique devant le scandale, elles décident de tout liquider, le mauvais comme le bon. Pétri de bons sentiments, le Conseil fédéral autorise la consultation de dossiers par milliers et jette en pâture ce que d’autres services avaient porté à notre connaissance, pensant naïvement que nous saurions en faire bon usage. Depuis lors, notre pays ne reçoit de l’étranger que les informations qui sont susceptible de servir non pas la Suisse mais les informateurs eux-mêmes. On ne peut que constater à cet égard que la lutte contre l’Etat islamique chez nous doit pour l’essentiel aux enquêtes menées ailleurs. Dans la foulée, un autre Conseiller fédéral radical, Kaspar Villiger, propose la création de la Fondation Suisse Solidaire visant à déposséder le peuple suisse de son or au profit du monde entier. Fort heureusement, l’UDC permet d’éviter cette spoliation et les réserves de la BNS sont partagées comme le veut la loi.

Aujourd’hui, nous subissons le contrecoup de ces décisions prises en urgence, sans recul, dans le seul but de donner bonne conscience à leurs auteurs. Par manque de courage, nous n’avons pas su tenir notre rôle dans la lutte contre les ennemis de la démocratie, leur indiquant au contraire ce que nous savions d’eux. Il est clair que dans ces conditions, les pays dont les intérêts convergent momentanément avec les nôtres sont bien réticents à nous fournir quelque élément que ce soit. Une confiance trahie ne se rétablit que lentement et reste fragile. Il faut relever que cette situation a longtemps arrangé notre gouvernement qui, aveugle, ne pouvait lutter contre le terrorisme, évitant ainsi les foudres des poseurs de bombes. Sur ce point, les déclarations de Jean Ziegler au sujet de nos relations avec l’OLP devraient être étudiées avec intérêt et non rejetées en bloc avec un zèle pour le moins suspect.

Face à la menace islamiste, nous ne pouvons plus continuer à fermer les yeux. La nouvelle Loi sur le Renseignement constitue une première mais timide avancée quant à la reprise en main de notre propre sécurité. Ce n’est certes pas la panacée mais le texte va dans la bonne direction. La démocratie est par essence un système vulnérable compte tenu des droits qu’elle octroie, y compris à celles et ceux qui s’en servent pour la détruire. Ne les laissons plus agir. – Céline Amaudruz, conseillère nationale et vice-président de l’UDC